Le journal 20 Minutes licencie ses photographes

20minutes

Le journal 20 Minutes a pris la curieuse décision de supprimer son service photo : chef de service photo et photographes. Ne restent plus que deux rédacteurs photo à Paris, qui devront illustrer l’ensemble du journal, web et papier, et pour toutes ses éditions. Ils pourront utiliser photos d’agences, archives, photos amateurs en plus des images fournies par les rédacteurs. Certes cela me conforte quand j’incite mes étudiants en journalisme à s’entraîner à la photo et au storytelling photographique mais je suis dubitatif sur cette décision.

La direction du journal précise de son côté que le «maintien d’un service photo à 20 Minutes n’est pas stratégique, alors que le titre a de fortes ambitions sur le numérique et le temps réel.» Voilà bien ce qui est étonnant, car le numérique a donné une place beaucoup plus importante à l’image. On parle de Picture Marketing, des réseaux comme Facebook et Google+ privilégient l’image dans leur mécanisme de classement des informations, je ne parle pas d’Instagram et autres outils basés sur l’image.

Comme nous le rappelle Le Monde de la Photo, 20 Minutes n’est pas le premier à avoir cette idée. Le Chicago Sun-Times a fait de même en licenciant même un prix Pulitzer. Depuis, on ne peut pas dire que la qualité photo se soit améliorée comme le montre ce facétieux tumblr.

La tentation de remplacer le photographe par le reporter et son iPhone est grande et compréhensible. Mais comme l’explique Rob Hart, un des photographe licencié par le Chicago Sun-Times, le regard photographique entraîné à l’écriture en photo amène aussi autre chose. Il faut des deux. Regardez son Tumblr pour vous en convaincre.

Or, si la photo a maintenant une place beaucoup plus importante, seule la « belle » photo, la photo originale, l’oeil décalé ont une vraie chance de taper dans l’oeil du lecteur qui va ensuite la faire circuler. Il est fort possible d’acheter ces photos à des agences ou des « amateurs » mais dans ce cas le journal risque fort de perdre sa touche différenciante en achetant des photos que l’on retrouvera probablement très souvent ailleurs…