Véracité contre viralité de l'information

Ryan Grim, responsable du bureau de Washington du Huffington Post, cité dans un article du New-York Times sur la viralité et la véracité des informations publiées :

« The faster metabolism puts people who fact-check at a disadvantage. If you throw something up without fact-checking it, and you’re the first one to put it up, and you get millions and millions of views, and later it’s proved false, you still got those views. That’s a problem. The incentives are all wrong. »

En effet, la mécanique même de l’audience internet et de la viralité, fait primer la fraicheur de l’information à sa véracité. Pour faire des millions de vues, un support aura plus intérêt à sortir une information, et peut être la vérifier ensuite, qu’à la vérifier au risque de se faire griller par un autre support qui récupèrera la visibilité et l’audience. Cet état de fait est remarquable dans le cas des infos funs, histoires extraordinaires, faits divers étranges… L’article donne quelques exemples.

J’ai repéré cet article par John Gruber qui ajoute une note très pertinente :

 « I’ve been saying for years that page view-based advertising is a corrupting force. This is where it leads. »

C’est la même « force corruptrice » qui conduit aussi à surdoser certains types d’informations par rapport à d’autres dans de nombreux médias. Le modèle de Buzzfeed, qui finance le sérieux (130 journalistes dont un Pulitzer) par le futile et les petits chatons est beaucoup critiqué par une partie des journalistes. Probablement parce que l’on a du mal à les placer au même niveau sur la ligne éditoriale mais aussi parce que les longs articles sur la politique américaine seront moins lus qu’un bébé sur un aspirateur.

Pour autant un tour dans Google Actus montre que les médias sérieux ont embrayé sur le même mode de fonctionnement. C’est d’ailleurs cet état d’esprit qui leur fait publier le moindre fait qui devient un peu viral et qui monte en épingle des actus ou des tweets politiques anodins.